HISTOIRE D'UN ARBRE DU CLUB
BONSAI CLUB DE BELLEDONNE
LE HÊTRE QUI VOULAIT LE TITRE DE YAMADORI
Ce Fagus sylvatica a été prélevé en automne 2014, à 1400 mètres d’altitude, en lisière d’une forêt, sur une crête.
A chaque hiver, la neige l’enfouissait, et à chaque printemps, les cervidés du coin broutaient ses jeunes pousses tendres. Cela a contribué à façonner son allure si particulière en plateaux, presque à la manière d’un battu par les vents. Sa tête étant régulièrement arasée, il avait développé une branche basse importante devenue quasiment tronc, à ras du sol.
Mis en caisse de culture pendant deux ans, le fagus s’est refait doucement une santé. Il a ensuite été débarrassé de nombreuses petites branches croisées ou mortes et en est sorti épuré, de manière à bien rendre lisibles les lignes souples et dynamiques de ses branches principales. Et son allure de prince.
En 2016, il a pris du galon, on l’a rempoté dans un véritable pot à bonsaï.
Il s’est aussi peaufiné. Mais son nébari crochu ordonne une marcotte en 2020, laissée deux ans en travail. Au printemps 2022, on constate que la marcotte a fonctionné, un chevelu racinaire très dense s’est formé.
Hourra ! Le hêtre est bien plus beau et son propriétaire aux anges le met dans un pot tout neuf acheté spécialement pour lui !
Très rustique et costaude, cette espèce supporte bien les tailles.
Seul bémol, l’art de « pincer » les jeunes pousses après la première ou deuxième feuille. Les bourgeons éclosent tous très rapidement et une seule pousse est prévue, toute contenue dans le premier bourgeon.
Il ne faut donc pas rater cette étape, sinon, il faudra attendre l’année suivante pour améliorer. Le hêtre n’est cependant pas avare en bourgeons et se distingue par une belle vitalité. Mais ce yamadori déjà bien âgé (environ 20 ans) fait peu de bourgeons arrière sur son écorce bien costaude. Le hêtre reste une espèce de choix en bonsaï car il est particulièrement conciliant.
Pari tenu, l’arbre est maintenant bien installé dans son nouveau pot et va enfin pouvoir se la couler douce, même se pavaner, pour le régal des yeux de son propriétaire !